Fugitive parce que Reine de Violaine Huisman
"Que veux-tu pour Noël? Je ne sais pas... ce que tu veux. Je n'ai pas d'idées."
Cette année encore plus que les autres, je n'avais pas d'envie particulière. L'amoureux s'est donc débrouillé comme un grand. Je dois avouer que malgré tout, j'étais un peu fébrile. Plus Noël approchait et plus j'étais inquiète.
Arrive le grand jour, je scrute un peu les cadeaux sous le sapin à la recherche de mon cadeau. Je ne vois rien et il faut la jouer discrète. A 40 ans, je ne suis plus sensée chercher à connaître mes cadeaux avant l'heure mais c'est plus fort que moi, c'est une partie de mon âme d'enfant qui reste. Je regarde donc en prenant "l'air détaché" décidément je ne vois rien. Pourtant, il a bien acheté quelque chose...
Minuit sonne, "il faut"... on peut ouvrir les cadeaux. On me tend une enveloppe "de la part de l'amoureux et de l'enfant." J'ouvre l'enveloppe au comble de l'excitation et de la trouille... un abonnement à la Kube. https://www.lakube.com/ Je lui en avais parlé, il s'en est souvenu. Bon, en vrai, je lui avais envoyé le lien mais ça fait quand même très plaisir.
Le supplice commence alors, il va falloir attendre mi-janvier pour recevoir la première Kube! Tous les jours, je me connecte sur le site, je guette l'évolution, je suis impatiente. La patience est une qualité que je n'ai pas du tout!!! Un samedi matin, elle arrive enfin.
L'emballage est magnifique. J'ouvre les petits cadeaux qui se trouvent dans le colis pour reculer l'instant fatidique, la rencontre avec le libre choisi pour moi par le libraire missionné par la Kube. C'est un mélange d'excitation et de crainte. Si le livre ne me plaît pas, si je l'ai déjà. Ben oui avec ma manie d'acheter des livres aussi. Tout à coup, je me lance et j'ouvre le petit sachet en kraft.
Le livre s'appelle Fugitive parce que Reine de Violaine Huisman. Il est paru dans la collection blanche de Gallimard, ma préférée. Je suis ravie avant même d'avoir lu la quatrième de couverture.
C'est un premier roman, l'auteur à mon âge, elle est née à Paris comme moi. Ca commence bien! C'est un livre sur l'amour liant une mère et ses filles. Encore un bon point. Ce livre semble coché pas mal de cases pour me plaire. Il me tarde de le commencer mais je dois d'abord terminer François, portrait d'un absent dont je vous parlerai plus tard.
Dès les premières pages, c'est un ravissement, le style est magnifique. La mère est un personnage touchant et poignant. Les petites filles aiment leur maman et la maman les aime plus que tout. Le père aime toutes ses femmes. La mère vient d'un milieu modeste alors que le père est un grand bourgeois qui travaille beaucoup. Ces deux univers vont se rencontrer. La maladie de la mère, elle est maniaco-dépressive va venir bouleverser la vie de cette famille où l'amour sera là jusqu'au bout. Chacun essayant de vivre et de s'aimer avec ses différences (de classe, de sexe, etc.) et la maladie. On s'interroge aussi sur la maternité et les liens qui nous lient avec notre mère mais aussi avec ses enfants. Quelle empreinte laissons-nous dans la vie de nos enfants?
La quatrième de couverture
«Maman était une force de la nature et elle avait une patience très limitée pour les jérémiades de gamines douillettes. Nos plaies, elle les désinfectait à l’alcool à 90 °, le Mercurochrome apparemment était pour les enfants gâtés. Et puis il y avait l’éther, dans ce flacon d’un bleu céruléen comme la sphère vespérale. Cette couleur était la sienne, cette profondeur du bleu sombre où se perd le coup de poing lancé contre Dieu.»
Ce premier roman raconte l’amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l’écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d’une femme, une femme avant tout, qui n’a jamais cessé d’affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.
C'est mon coup de coeur des derniers mois.